Assis à ton bureau, tu regardes un bel oiseau voler
Mais cela te laisse indifférent;
Tu vois un homme cacochyme mais altier
Tes yeux s’en détournent immédiatement
L’égoïsme, l’injustice, le pouvoir
S’infiltrent de plus en plus dans le cœur des gens
Mais rien ne semble t’émouvoir
Car tu répètes sans cesse que ce n’est pas important
Pourtant, à ton travail, tu côtoies des enfants blessés
Dont le cœur broie souvent du noir
Car ils se sentent désabusés, mal-aimés
Mais tu refuses de le voir…
Tu écoutes sans broncher, une mère pleurer
Son adolescent de treize ans disparu;
Dans sa chair, elle se sent lésée
Car une femme ivre au volant, l’a fauché dans la rue
On parle qu’on a arraché la liberté à un homme,
Qu’on l’a torturé car il exprimait ses opinions
Mais, nous dis-tu : « Est-ce de ta faute s’il vit au tiers-monde
Où les droits sont bafoués sans raison? »
Mais qui es-tu? De quoi as-tu peur?
Derrière quoi te caches-tu?
As-tu une âme, un cœur?
Si oui, où les emprisonnes-tu?
Ta femme et tes enfants t’ont quitté
Car tu n’as pas protégé
Cet amour privilégié
Qu’ils t’avaient donné sans compter
Pas une larme n’a perlé à tes yeux
De tes lèvres, aucun cri ne s’est échappé
Mais je refuse de croire que tu es heureux
Je t’en prie, laisse-moi te parler!
Et tu as accepté que je m’approche de toi
Que je t’écoute tout doucement, sans te juger
Et dans tes mots, tu m’as parlé de toi
Toi, dont le cœur était fermé à double clé
Cela n’a pas été une tâche facile
Tu as douté de moi, tu es redevenu distant
Puis tu as tiré délicatement un à un sur les fils
De ta vie et j’y ai découvert une toile tissée de tourments
Les pages de ta vie étaient encore blanches
Quand tout petit, on t’a battu, bafoué puis rejeté
Et c’est pourquoi, tu t’es réfugié sous un masque étanche
Que rien ne semblait pénétrer
Tu as donc grandi en colorant le livre de ta vie
D’indifférence, de colère et de méfiance
Mais tu sais, le temps m’a appris
À ne pas juger sur l’apparence
C’est pourquoi, je t’ai ouvert les portes de mon cœur
Afin que tu y déposes pour quelques instants
Tes déceptions, tes peines et ta rancœur
Mais je sais bien, qu’il faudra encore bien du temps…
Pour guérir tes blessures et croire en la douceur
D’un sourire, en la caresse d’un regard bienveillant,
En l’amitié de quelqu’un et surtout au bonheur
Que l’on peut partager à tout moment
Mais, garde en toi l’espoir de jours meilleurs
Car si une seule goutte d’eau suffit
Pour faire se redresser une fleur
L’amour apaisera ton cœur meurtri
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